Vous vous en doutez, pour moi l’Olympic n’est ni plus ni moins que le plus beau paquebot du monde. La véritable reine des océans. Mais même si ses lignes intemporelles débordaient d’élégance et que ses performances techniques étaient honorables, le paquebot de la White Star Line n’était pas épargné par la concurrence ! Et c’est justement de ça que nous allons parler aujourd’hui. Des concurrents du RMS Olympic pendant ses 24 années de carrière.
Alors commençons tout de suite avec les deux navires qui ont poussé la White Star à créer la classe Olympic…
RMS Mauretania et RMS Lusitania
Les deux levriers de la Cunard Line sont, lors de leur lancement, les plus grands navires du monde. Ils sont conçus en réponse aux transatlantiques Allemands Kaiser Wilhelm Der Grosse et Deutschland qui ont volé le Ruban Bleu aux flottes Britanniques.
Les jumeaux sont construits entre 1904 et 1907 à Wallsend, dans le nord de l’Angleterre par les chantiers Swan Hunter et Wigham Richardson. Et leurs caractéristiques sont ahurissantes pour l’époque ! Du long de leurs 240 mètres, ils jaugent entre 31.500 et 31.900 tonneaux.
En plus de cette taille inédite, ils sont conçus pour reprendre le Ruban Bleu. Leur finesse et leur puissance offrent une vitesse de croisière de 24 nœuds et 26 à 28 nœuds de vitesse maximale.
Leur mise en service en 1907 pousse J. B. Ismay, directeur de la White Star Line à réagir. Avec Lord W. Pirrie, directeur des chantiers Harland & Wolff, ils imaginent les plus grands et luxueux paquebots du monde. L’idée des navires de classe Olympic vient de naître.
Et plutôt que d’essayer de battre les deux paquebots de la Cunard sur leur vitesse, ils vont les battre sur le luxe et le confort. Car les deux Cunarders ont un point faible ! Leurs coques élancées favorisent le roulis. En plus de ça, leurs machines consomment des quantités astronomiques de charbon.
Sur les navires de classe Olympic, l’accent sera mis sur le confort, la fiabilité et l’économie.
Le Mauretania sillonnera l’océan jusqu’en 1935. Le Lusitania n’aura pas cette chance. Il est torpillé par le U-20 le 7 mai 1915. Son naufrage coûte la vie de 1.200 des 2.000 personnes à bord.
SS Imperator
Le SS Imperator de la compagnie allemande HAPAG est le premier des concurrents du RMS Olympic a le surpasser en taille. De ce point de vue, le défi est réussi puisque le navire de 277 mètres de long est aussi le premier à passer la barre des 50.000 tonneaux avec 52.117 de jauge brute.
Si le paquebot construit par les chantiers A.G. Vulkan de Hambourg impressionne par sa taille et le luxe de ses cabines, il n’est pas exempt de défauts.
Dès son voyage inaugural, le navire incommode les passagers par son roulis très prononcé. Après un seul voyage, le voilà déjà en cale sèche pour une refonte massive. Au programme, modification des cheminées et ajout de lest dans les fonds de la coque. Même les statues dans les salons sont remplacées par des copies plus petites et en plâtre.
Le problème de roulis sera atténué par ces modifications mais pas effacé. L’Olympic n’a donc pas de quoi s’inquiéter, il reste le paquebot le plus confortable de l’Atlantique.
A la fin de la Première Guerre mondiale, le SS Imperator est cédé à la Cunard en tant que réparation pour la perte du Lusitania. Il est alors renommé RMS Berengaria et poursuivra sa carrière sous pavillon anglais jusqu’en 1938. Cette année là, un incendie le condamne à la vente aux ferrailleurs.
SS Vaterland
Lancé en 1914, le SS Vaterland est le second de la série de trois paquebots commandés par la HAPAG. Si son prédécesseur, le SS Imperator avait de nombreux défauts, le Vaterland ne semble pas capable de relever le niveau.
Son voyage inaugural se termine sous la vapeur des remorqueurs après une panne de ses machines. Les traversées suivantes seront elles aussi ponctuées d’avaries.
Lors de la Première Guerre mondiale, le paquebot est saisi dans le port de New York par la marine américaine. Il ne retournera jamais au service allemand. Renommé SS Leviathan, il rejoint la flotte de la United State Line et reprend le service transatlantique en 1923.
Même si le navire est luxueux et plus rapide que l’Olympic, il reste moins apprécié par le public. Et la raison est assez simple : Maintenant que le paquebot est américain, la prohibition s’applique aussi sur ses ponts !
RMS Aquitania
Seulement deux semaines après le voyage inaugural du SS Vaterland, c’est au tour du RMS Aquitania de faire ses preuves. Le dernier né de la Cunard a été construit par les chantiers John Brown & Co à Clydebank en Ecosse.
Ses dimensions sont sensiblement identiques à celles des paquebots de classe Olympic. 274 mètres de long pour 45.647 tonneaux et une vitesse de croisière de 24 nœuds.
Alors que son voyage inaugural qui prend des allures de compétition entre l’Angleterre et l’Allemagne, il est cependant éclipsé par le naufrage du Empress of Ireland qui a coûté la vie à plus de 1.000 personnes la veille.
De tous les concurrents du RMS Olympic, c’est probablement l’Aquitania qui a eu la plus belle carrière. Il survit aux deux guerres mondiales avant d’être vendu aux ferrailleurs en 1948 après 35 ans de carrière !
SS Bremen et SS Europa
Pendant l’entre deux guerres, l’Allemagne veut reprendre sa place dans la bataille des transatlantiques. Ça sera chose faite avec l’arrivée des SS Bremen et Europa.
Lancés successivement en 1929 et 1930, les deux paquebots sillonnent l’Atlantique. Au même moment, le Krach de 1929 met un grand coup aux compagnies maritimes. Cependant, les deux navires s’emparent du Ruban Bleu et séduisent aussitôt 12% des passagers transatlantiques ! C’est donc une victoire commerciale sur les compagnies concurrentes.
Le Bremen ne survivra pas à la Seconde Guerre mondiale. Par contre, son jumeau, le Europa après avoir été coulé et renfloué dans le port du Havre, sera cédé à la France. Renommé SS Liberté il ne sera retiré du service qu’en 1961 et détruit en 1962.
Les concurrents du RMS Olympic se multiplient
A partir de 1930, l’Olympic doit faire face à des concurrents qui se multiplient rapidement. Les nouveaux navires offrent un confort désormais supérieur. Le style art déco donne un sérieux coup de vieux au « vieux fidèle » et le nombre de passagers chute rapidement. La grande dépression suivie de la fusion Cunard-White Star scellera le destin de l’Olympic.
En 1935, le navire est un poids financier pour sa compagnie. Et après avoir passé quelques mois aux côtés du Mauretania au port de Southampton, l’Olympic est envoyé aux ferrailleurs de Jarrow.
Un an plus tard, la Cunard-White Star accueille son nouveau fleuron, le Queen Mary.
Le démantèlement de l’Olympic marque la fin des navires rivetés à la main et la disparition d’une vision très particulière des voyages transatlantiques. L’Olympic incarnait une époque ou l’insouciance et la croyance en la toute puissance de l’Homme ont conduit à un demi siècle de cataclysmes. En commençant par le naufrage de son jumeau, le Titanic, suivi de deux Guerres Mondiales et d’une multitude de conflits où la technologie et l’intelligence seront mises au service de l’horreur et de la barbarie.
A bien des égards, peut-être y sommes nous encore…
Samuel Longin
Sources : rmslusitania.info / Paquebots de légende – Christian Mars / markchirnside.co.uk /
Photos : (1) Lusitania : Library of congress, cph.3g13287 / (2) Imperator : Library of congress, ggbain.13359 / (3) Leviathan : www.history.navy.mil/photos/images/h43000/h43553.jpg / (4) Aquitania : Library of congress, det.4a16305 / (5) Creative Commons German Federal Archives https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Bundesarchiv_Bild_102-11081,Schnelldamper%22Bremen%22.jpg /