Aujourd’hui, nous allons nous pencher sur le camouflage Dazzle du HMT Olympic. Mais d’abord, jetons un coup d’œil au contexte général. Pourquoi l’Olympic s’est-il retrouvé en camouflage Dazzle ?

L’Olympic devient un transporteur de troupes

Nous sommes en pleine Première guerre mondiale. Le RMS Olympic a été réquisitionné par l’amirauté pour servir de transporteur de troupes.

Son Commandement est passé du Capitaine Herbert Haddock au Capitaine Bertram Fox Hayes.

Puisqu’il est maintenant sous les ordres de l’amirauté, son préfixe passe de RMS (Royal Mail Ship) à HMT (His Majesty’s Transport).

En 1917, les sous-marins allemands font des ravages dans les flottes marchandes. La Cunard à elle seule a perdue 22 navires. Personne ne semble pouvoir échapper aux torpilles de U-Boats.

C’est alors que Norman Wilkinson, peintre et réserviste dans la Royal Navy, suggère l’utilisation de camouflages Dazzle (Embrouiller en anglais).

Mais, c’est quoi un camouflage Dazzle ?

Et bien pour faire simple, ce sont des motifs géométriques enchevêtrés et peints dans des couleurs très contrastées sur la coque d’un navire.

Le HMS Kildangan est une bel exemple de camouflage Dazzle (1)

Ces motifs brisent complètement les lignes visuelles et esthétiques du bateau.

Ce camouflage ne va pas faire disparaître le navire aux yeux d’un sous-marin (ce serait impossible). Par contre, à travers un périscope, il sera impossible de dire dans quelle direction se dirige le navire, ni à quelle vitesse il va.

Le tir de torpilles est un exercice millimétré. Les navires sont parfois à des distances de plusieurs kilomètres.

Et puisqu’une torpille est relativement lente, vous devez estimer la trajectoire précise de votre cible. C’est justement cette étape qui est rendue extrêmement difficile par le camouflage Dazzle.

Le camouflage Dazzle à travers un périscope
Vue d’artiste représentant un Dazzle à travers un périscope (4)

Dans le contexte de guerre totale qui sévit en 1917, les attaques de U-boats se multiplient. Il devient impératif de trouver une parade très rapidement. L’amirauté accepte donc de tester le concept sur un panel de navires, dont le HMT Olympic.

Les différents camouflages Dazzle du HMT Olympic

HMT olympic dazzle camouflage
Le HMT Olympic dans sa première livrée de camouflage Dazzle. (2)

Les premiers motifs Dazzle de l’Olympic sont peints en 1917. Pour l’occasion, les couleurs qui avaient été choisies étaient le blanc, noir, gris, bleu foncé et bleu clair.

razzle dazzle 1 hmt olympic
Le premier motif Dazzle de l’Olympic.
Gracieusement mis a disposition par Jerry N. J. Vondeling

L’amirauté étudie de très près les avantages et inconvénients des schémas Dazzle sur leur flotte.

Le 3 août 1918, des photographies du camouflage Dazzle du HMT Olympic sont prises au Pier 59 du port de New York pour rendre compte de l’état d’usure des peintures. Il est alors décidé de créer un nouveau schéma Dazzle pour le HMT Olympic.

Ce second motif, peint à la fin de l’été 1918, est très différent du premier comme on peut le voir sur le schéma ci-dessous.

razzle Dazzle 2 hmt Olympic
Le second motif Dazzle de l’Olympic.
Gracieusement mis a disposition par Jerry N. J. Vondeling

Les problèmes des camouflages Dazzle

Les motifs Dazzle ont un inconvénient, ils s’abiment vite. Salissures et usure peuvent les rendre rapidement inefficaces. Maintenir ces camouflages en bon état est extrêmement coûteux, car il faut immobiliser le navire, y assigner de la main-d’œuvre et des matériaux.

Ils ne sont pas non plus efficaces contre l’aviation ennemie qui se développe rapidement. En plus de ça, l’amirauté n’a pas pu réunir de preuve tangible de leur efficacité.

La question de leur utilisation ne se posera (presque) plus à partir de 1921, quand les sonars font leur apparition. Ils rendront le Dazzle et tout autre artifice esthétique inutile.

Retour à la livrée White Star :

Quand la guerre prend enfin fin le 11 novembre 1918, l’Olympic est à New York, où il était arrivé la veille. La Royal Navy n’a plus besoin de lui.

Après avoir été rapidement repeint aux couleurs de la White Star, il arbore le Red Ensign pour sa nouvelle mission. Rapatrier les soldats canadiens venus combattre en Europe à partir de janvier 1919. Il ramènera à bon port des dizaines de milliers de soldats jusqu’au 21 juillet 1919.

Chacune de ses arrivées se fait sous les acclamations de la foule. Le Commandant Hayes dira même qu’il était impossible de donner des ordres sur le pont autrement que par des gestes. Dans le cœur du public, l’Olympic a gagné le surnom “Le Vieux Fidèle”.

HMT olympic Dazzle Camoflage
Arthur Lismer a immortalisé sur sa toile le Dazzle de l’Olympic (3)

Une fois sa mission accomplie, l’Olympic retourne aux chantiers navals Harland & Wolff. Il y subit une lourde refonte qui lui permettra de reprendre son service civil transatlantique en 1920.

Mais tout ça, nous en parlerons dans un prochain article !

Samuel Longin

Sources : RMS Olympic – Brian Hawley / The Unseen Olympic – Patrick Mylon /  julesvernes.ca / Wikipédia / modelwarships.com / markchirnside.co.uk

Photos : (1) Le HMS Kildangan – Imperial War Museum n° Q 43387. (2) Le premier Dazzle de l’Olympic – Domaine public. http://www.maritimequest.com/liners/olympic_page_6.htm – https://en.wikipedia.org/wiki/File:Olympic_WWI.jpg (3) Peinture de Arthur Lismer – Domaine public – Beaverbrook Collection of War Art, https://www.warmuseum.ca/collections/artifact/1013868/ (4) Dazzle à travers un périscope, Encyclopedia Britannica 1922, https://commons.wikimedia.org/wiki/File:EB1922_Camouflage_Periscope_View.jpg?uselang=fr