Vous connaissez l’histoire des navires de Classe Olympic par cœur maintenant ? Aujourd’hui, je vous propose de les rencontrer de vive voix ! Partons à la découverte des sifflets du RMS Olympic et de ses jumeaux le Titanic et le Britannic !
La conception des sifflets du RMS Olympic
Lors de son voyage inaugural le 14 juin 1911, l’Olympic le plus grand paquebot du monde. Alors quoi de plus normal que de l’équiper des plus grands sifflets du monde ?
Les chantiers Harland & Wolff commandent auprès de Smith Brother & Co la crème des sifflets. Identiques à ceux que la Cunard a fait poser sur le Mauretania.
Haut de 128,27cm, large de 106,68cm pour un poids avoisinant les 340kg, chaque sifflet se compose de 3 chambres en bronze coulé. Ces trois chambres de 22,86cm, 38,10cm et 30,48cm de diamètre, sont reliées entre elles par un plateau qui distribue la vapeur sèche sous pression.
Le sifflet produit trois notes différentes qui une fois assemblées créent la voix du navire. On retrouve le sifflet principal (manuel) sur la cheminée avant du navire, et le sifflet secondaire (automatique) sur la seconde cheminée.
Des sifflets factices sur un paquebot ?
Vous le savez, la White Star Line n’hésite pas à employer les grands moyens pour améliorer la ligne de ses paquebots. L’histoire de la fameuse quatrième cheminée factice en est un exemple pour le moins « massif ».
Et bien, il en est de même pour les sifflets du navire. A quoi ressemblerait un paquebot de 4 cheminées avec seulement deux sifflets ? Ca serait absurde ! On en positionne donc deux factices sur les deux cheminées arrières.
Ces faux sont fabriqués en métal – probablement du laiton ou de l’acier zingué – forgé et riveté. L’illusion est parfaite et l’esthétique de l’Olympic est sauve.
A quoi servent les sifflets sur un navire ?
Sur les paquebot de la White Star Line, le sifflet est enclenché chaque jour à midi pendant les traversées. Mais sa fonction première n’est évidemment pas de remplacer l’horloge de bord !
Signaler des manœuvres
Parmi les fonctions vitales assurées par les sifflets, ils permettent d’avertir que le navire va manœuvrer. Un peu comme un clignotant. Un coup court (une seconde) signifie que le paquebot va virer sur tribord. Deux coups courts pour indiquer un virage à bâbord. Trois coups courts pour indiquer une marche arrière.
Si vous vivez en milieu urbain, évitez de tester ces codes dans votre voiture. Vos voisins n’apprécieront certainement pas !
Signaler un danger et/ou sa présence
Une autre utilité clé des sifflets est la prévention d’un danger. Si les conditions météo empêchent une bonne visibilité, les navires sont tenus de signifier leur présence en donnant des coups de sifflet à intervalles réguliers.
Le système Willett Bruce Steamship Whistle Control utilisé sur l’Olympic dispose d’un mode automatique à fonctionnement électrique. Grace à l’ingénieux dispositif, il n’est plus nécessaire qu’un officier reste près de la commande, montre en main en cas de brume. Le système est directement branché sur l’horloge de bord ce qui garanti sa précision. Il lui suffit d’enclencher le levier du dispositif et l’Olympic sifflera automatiquement 8 secondes toutes les minutes par son sifflet secondaire.
« Y’a pas que la taille qui compte »
Ca peut sembler surprenant mais le son est aussi indicateur de la taille du navire. Plus le navire est grand, plus le son de ses sifflets doit être grave. L’Olympic mesure 269 mètres. La fréquence de son sifflet doit donc être comprise entre 70 et 200 Hz et sa portée doit dépasser les deux milles nautiques (soit 3704 mètres).
Maintenant, analysons la fréquence émise par le sifflet de l’Olympic. Pour ça, je vais utiliser la piste sonore de la vidéo que vous retrouverez un peu plus bas dans cet article.
Chaque vibration a une durée avoisinant les 0,006609 secondes. Maintenant que nous avons cette information, il suffit de faire une simple division. 1/0,006609 = 151,3088. Ce chiffre correspond au nombre de vibrations par seconde, soit 151 Hz.
Évidemment, je ne suis pas professionnel du son et la qualité de l’enregistrement est loin de nos standards actuels. Cependant, on peut estimer sans prendre de grand risque que la fréquence utilisée par les sirènes de l’Olympic se situe quelque part entre 150 et 153 Hz.
Actionnons les sifflets du RMS Olympic !
Maintenant que vous avez appris comment étaient conçus et à quoi servaient les sifflets du navire, passons aux travaux pratiques. Nous allons les actionner !
Nous nous rendons sur la passerelle, c’est là que vous trouverez les deux leviers de commande Willett Bruce Steamship Whistle Control. Chaque levier actionne l’un des deux sifflets du RMS Olympic. Vous trouverez une paire de leviers sur la passerelle de navigation ainsi qu’une paire dans chaque aile de passerelle.
Si vous tournez le levier de commande sur la droite, vous actionnez manuellement les sifflets. Si vous le tournez vers la gauche, vous enclenchez le mode automatique prévu pour la brume.
Mais comment ça marche ?
Et bien c’est assez simple. Quand vous actionnez le mécanisme, de la vapeur sous 200psi de pression est libérée et remonte à travers des tuyaux depuis la chaufferie. En cours de route, la vapeur passe dans un séparateur d’eau. L’eau est renvoyée dans les entrailles du navire pendant que la vapeur sèche est envoyée directement dans les chambres du sifflet qui vont générer un sacré vacarme !
On fait un essai ?
Bon, tenez-vous prêt nous allons faire un essai. Pas d’inquiétude, je vous ai mâché le travail. Il vous suffit de cliquer sur le bouton play de la vidéo et les sifflets de l’Olympic se mettront automatiquement en marche !
Cette vidéo a été tournée le 16 mai 1934. Le paquebot arrive au port de New York le lendemain de son accident avec le Nantucket LV-117. Ce jour là, ses coups de sifflets n’auront pas suffit à éviter la mort de 7 marins et le naufrage du bateau-feu.
Que sont devenus les sifflets ?
Et bien c’est un mystère. Lors du démantèlement de l’Olympic en 1935, au moins un des sifflet a été vendu et utilisé chaque matin dans une mine du nord de l’Angleterre. Pendant des années, ce sifflet a donc pu continuer sa mission. Mais aucune autre information n’a survécu aux décennies.
Maintenant que vous savez tout sur les sifflets du RMS Olympic, j’ai une questions pour vous.
Quelle partie du navire aimeriez-vous découvrir ? Dites le moi en commentaire et vous pourriez bien voir vos vœux exaucés dans un prochain article !
Samuel Longin
Sources : The Shipbuilder, Vol 6, été 1911, p.64-66 / Titanic’s mystery whistles, Robert Read / Encyclopedia Titanica, Titanic’s fog horn / Wikipedia, Sifflets (navire) /
Photos : (1) Sirène du RMS Titanic, The Shipbuilder Special, été 1911, P66 / (2) Illustration de Cyril et Lionel Codus / (3) Analyse de la fréquence sonore sur Audacity, réalisée par Samuel Longin / (4) Publicité pour les sifflets du Titanic et de l’Olympic, The Shipbuilder Vol.6, collection de Samuel Longin / (V) Le RMS Olympic arrive à New York (16/05/1934) / Outils de test de fréquences : https://www.geogebra.org/m/etj9BJ9f
Ressources supplémentaires : 3 Bell Smith Hyson – Test des sifflets du Titanic